Collectif IndustriELLES – Portraits des ambassadrices

Elles sont ingénieures, responsables commerciales, cheffes d’entreprise, responsables d’usine… Elles travaillent dans les domaines de l’énergie, de l’électronique, de la santé…

La diversité de leurs métiers et de leurs parcours professionnels reflète les innombrables opportunités qu’offre l’industrie. Une ambition les rassemble aujourd’hui : celle de dire aux femmes qu’elles ont un avenir dans l’industrie !

Découvrez tout de suite nos ambassadrices :

Aline Becq

Ingénieure de recherche à CESI – groupe comptant 25 campus d’enseignement supérieur et de formation professionnelle sur le territoire émanant des besoins de l’industrie.

Anne-Laure Soilleux

Directrice Risques Industriels, Sûreté, Sécurité et Environnement - ExxonMobil

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Ingénieure géologue de formation, j’ai débuté ma carrière dans la simulation des réservoirs avant de me reconvertir dans le prototypage numérique. Spécialiste du prototypage immersif et physique, je développe depuis 6 ans des plateformes d’innovations technologiques au sein d’écoles d’ingénieurs (3 ans passé au Drahi-X Innovation Center de l’Ecole polytechnique et 3 ans sur le campus CESI de Nanterre). Je suis également vice-présidente de l’association Fab&Co qui regroupe les labs d’innovation à coloration industrielle.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

Provoquer l’émerveillement et l’enthousiasme pour les possibilités étendues offertes par les nouvelles technologies.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

Un nouvel interlocuteur cherchera souvent un regard masculin pour poser une question technique.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

De façon surprenante au sein de l’école d’ingénieurs où j’ai fait mes études, l’ENSG et dans le domaine des géosciences, la parité semblait établie, c’est au sein des écoles d’ingénieurs généralistes où j’ai pu travailler que les ratios se sont déséquilibrés au niveau des apprenants mais aussi au niveau des collègues. Les genres sont souvent dissociés en fonction des spécialités et les améliorations sont ténues. J’ai travaillé en partenariat avec de nombreuses entreprises innovantes au fil des ans, principalement dans le hardware et les technologies immersives et mes interlocuteurs étaient à 90% masculins. Là encore les évolutions sont lentes.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

L’industrie est un univers vaste, en pleine mutation et à fort impact à explorer avec sororité.

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

De formation Ingénieur Généraliste, je travaille depuis 23 ans dans l’Industrie Pétrochimique où j’ai eu la chance d’avoir eu des expériences très variées à la fois en usine (technique, maintenance, logistique, opérations, HSE) et dans des sièges (ventes, supply chain), avec des équipes de taille très diverses (de quelques personnes à quelques centaines) tout en ayant travaillé dans plusieurs pays.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

La diversité des personnes avec qui je travaille, la diversité des sujets que j’ai à gérer. Je ne m’ennuie jamais et je suis toujours en train d’apprendre quelque chose.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

J’ai été confrontée à quelques comportements « macho » de certains collègues, même un de mes superviseurs lorsque j’avais 30 ans. Ma façon de les adresser a souvent été d’éviter la confrontation (qui à mon sens ne permet pas d’avancer et rend la relation professionnelle encore plus dure) et de les adresser en montrant ce que je pouvais apporter d’un point de vue professionnel (indépendamment de mon genre). Au final, ça s’est très souvent bien terminé : plusieurs mois plus tard, ces mêmes collègues ont reconnu que leurs comportements n’étaient pas appropriés et ont apprécié notre collaboration.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Oui, je vois de plus en plus de femmes dans des postes à responsabilité dans le monde industriel et je vois de plus en plus de collègues masculins qui valorisent et apprécient cette diversité (comme d’autres) qui permet aux équipes d’obtenir de meilleurs résultats collectifs. 

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

Soyez vous-même, ne renoncez jamais à ce que vous êtes, car vous trouverez toujours une industrie, une entreprise qui vous ressemble dans laquelle vous pourrez vous épanouir.

Clara Boisserand

Chief Business Officer chez Metroscope

Elena Barbarini

PhD

Manufacturing & Global Supply Chain Business Director at Yole Group

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Mon lien avec l’industrie a commencé très jeune puisque mes parents et grands-parents géraient une usine de vannes industrielles dans la région grenobloise.

Néanmoins, mon parcours est assez atypique. Ne sachant pas vers quel métier m’orienter après mon bac scientifique, j’ai opté pour une Ecole de Commerce. Master en poche, l’appel des sciences était toujours aussi fort, j’ai donc prolongé mes études dans une école d’ingénieur pour deux ans. Une étape qui me semblait importante avant de commencer ma carrière dans l'industrie.    

Ma première expérience professionnelle a débuté en Corée du sud en VIE, Volontariat International en Entreprise, chez un équipementier français industriel, Vallourec. J’étais responsable marketing de la filiale et développais des services d’inspection de tubes à destination des centrales nucléaires et thermiques d’Asie du Nord-Est.

De retour en France, je suis restée dans le groupe où j’ai pu évoluer sur plusieurs postes en marketing, vente et innovation pour les activités de raffinage/pétrochimie, j’ai adoré me plonger dans la fabrication de produits techniques et comprendre les problématiques industrielles de nos clients.

Puis une fibre entrepreneuriale a émergé en moi, j’ai pu intégrer le programme d’intrapreneuriat de Vallourec où nous pouvions faire grandir des projets innovants, de l’idée à la MVP (Minimum Viable Product). Ce challenge était passionnant, à la fois très technique et humain, j’ai eu l’occasion de travailler avec des hommes et des femmes du monde entier.  Entourée d’une équipe 100% masculine, j’ai notamment retrouvé en Ecosse un sens aigu de l’égalité homme-femme et beaucoup de bienveillance en tant que cheffe de projet.

J’ai ensuite rejoint une start-up, créée par EDF, offrant une solution d’efficacité énergétique pour les centrales nucléaires et thermiques, en tant que directrice commerciale et marketing. Mon équipe est basée à Paris, Berlin et Washington et nous avons déployé notre solution SaaS sur plus de 70 sites dans le monde.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

Le challenge technique, nos sujets demandent une très bonne compréhension des problématiques industrielles et nous sommes perpétuellement en formation pour être le plus précis possible.

J’apprécie également beaucoup la dimension internationale de mon poste, qui me permet d’être en contact avec toutes les régions du monde !

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

Même avant ma carrière ! Je pense comme beaucoup de petites filles, j’ai été conditionnée par ma famille (qui l’ont eux-mêmes été) pour suivre une carrière dans le commerce ou la communication. Ils ne m’ont jamais dirigé vers des métiers d’ingénieurs et/ou industriels alors que tous les hommes de ma famille l’étaient !

Par la suite, en évoluant dans un environnement industriel et principalement masculin, j’ai pu constater que les femmes, qui portaient des responsabilités, étaient souvent des « ultra-performeuses » avec des qualités de travail assez exceptionnels et/ou les meilleurs diplômes. Un collègue m’avait dit une fois « si tu veux évoluer comme un homme, tu devras te montrer 3 fois plus performante pour obtenir le même niveau de reconnaissance. » J’avais à peine 25 ans, on m’annonçait déjà la couleur… et je crois que malgré moi, j’ai toujours ce sentiment de devoir faire « plus ».

En Asie, je sentais qu’être « jeune » et être « femme » pouvaient parfois représenter une double difficulté auprès de nos clients, souvent des grandes entreprises industrielles coréennes et japonaises. Ce qui m’a donné beaucoup de clefs par la suite dans ma carrière et quand je suis rentrée en France.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Je vois de grandes évolutions auprès des jeunes femmes, fraichement diplômées, qui rejoignent le monde de l’entreprise et qui ne se laissent pas faire ! Je remarque qu’elles osent davantage dire non et osent souligner des injustices ou inégalités auxquelles elles peuvent faire face. C’est une bonne nouvelle, le syndrome de l’imposteur devrait aussi en prendre un coup !

Les entreprises industrielles sont de plus en plus sensibilisées et créent des politiques internes pour favoriser la mixité. Dans la réalité, je trouve qu’en 2023, les initiatives sont encore timides : les comités de direction restent largement masculins, les différences salariales hommes-femmes sont très fortes, les discriminations liées au congé maternité toujours bien présentes et des situations sexistes au travail pas assez sanctionnées. Plus globalement, l’industrie doit se féminiser, pas uniquement par son nombre de femmes salariées, mais aussi dans son mode de fonctionnement.

Le recrutement des femmes représente une vraie difficulté pour les entreprises, d’où la nécessité d’intervenir le plus tôt possible dans les collèges et les lycées pour déconditionner les jeunes et susciter l’intérêt. Dans mon cas, pour recruter plus de femmes, la seule façon a été de volontairement chercher et « chasser » des candidates sur les réseaux sociaux professionnels pour augmenter mes chances.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

Simplement d’oser ! Oser demander une promotion, oser remonter les problèmes ou les injustices au travail, oser faire un métier « masculin » !

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Née à Ivrea (Italie), j’ai obtenu mon diplôme en ingénierie électronique et mon master en nanotechnologies au Politecnico di Torino avec des expériences a l’INP de Grenoble, l’EPF de Lausanne et l’IBN de Singapour. En suite j’ai obtenu mon PhD à Turin chez Vishay et j’ai travaillé pour différentes sociétés avant de développer ma carrière dans les semiconducteurs en France chez Yole Group où je dirige actuellement une équipe d’analystes de marché, coûts et technologies.

Pendant tout mon parcours professionnel, j’ai toujours recherché la qualité du travail effectué et une majorité d’expériences dans différents domaines, de la R&D au développement commercial.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

En tant que directrice d’une unité de production pour une société internationale, j’apprécie la possibilité de travailler avec des personnes de cultures variées et des entreprises de secteurs différents. J’aime aussi le côté managérial de mon poste, ainsi que le développement de produits et de centres de profit.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

Absolument, à plusieurs reprises, je n’ai pas été considérée comme capable d’assurer un poste d’ingénieur. Parfois de façon directe : un manager m’a dit clairement qu’une femme ne sera jamais écoutée par des ouvriers, ou bien un client qui ne voulait pas me parler technique et qui préférait s’adresser à un homme.

Parfois de façon plus cachée : des personnes à mon niveau ou subalternes ont clairement ignoré mes décisions en redemandant la directive à mon supérieur.

Encore actuellement, à certains niveaux et dans certaines cultures, les hommes ont des difficultés à accepter que j’ai une position plus élevée que certains de mes collègues hommes.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

J’ai constaté des petites évolutions. Actuellement un homme est moins surpris de trouver une femme dans l’ingénierie. J’ai aussi noté que les nouvelles générations de femmes ingénieures, même si elles sont encore peu nombreuses, osent plus prendre leur place dans l’industrie.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

Je conseille de ne jamais se sous-estimer, même si on n’est pas apprécié. Lorsqu’une femme a prouvé ses compétences avec ses études ou ses expériences professionnelles ; si quelqu’un la rabaisse, c’est parce qu’il est jaloux ou qu’il se sent moins compétent dans le domaine.    

Isabelle Tongio

Senior Directeur Affaires Publiques et Gouvernementales de bioMérieux / Présidente du Syndicat de l’Industrie du Diagnostic In Vitro (SIDIV)

Isabelle Vray-Echinard

Présidente de Mirima

 

© Crédit photo Aline Perier 

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Un parcours au sein d’une filière industrielle, le diagnostic in vitro (DIV), m’ayant permis d’évoluer de la Finance aux Affaires Publiques et Gouvernementales.

Le secteur industriel du DIV est mondial et innovant, tiré par le progrès médical, scientifique, technologique et biologique. Il offre donc naturellement de réelles perspectives d’évolution, soit au sein d’une spécialité donnée, soit d’un métier à un autre. C’est cette voie que j’ai choisie, en occupant des postes dans le domaine de la finance, de la communication financière, de la stratégie et enfin des Affaires Publiques et Gouvernementales. A chaque étape de ma carrière, j’ai enrichi mon expérience et acquis des connaissances complémentaires : cela me permet maintenant d’être l’un des porte-paroles d’une filière industrielle pour que les sujets d’importance pour son développement soient connus et reconnus par les autorités publiques et l’ensemble des parties prenantes.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

C’est un poste formidable : au sein d’une filière industrielle dynamique et d’une entreprise dont je partage les valeurs, j’ai la chance d’occuper une fonction où les échanges et les relations humaines sont essentiels, en interne comme avec toutes les parties prenantes. En outre, ce poste peut aider à transformer l’écosystème pour le bénéfice des patients et des professionnels de santé. Enfin, les missions proposées sont diverses, correspondent à mes compétences et à mon expérience ; elles me permettent d’apprendre, de continuer à progresser et de me renouveler.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

Oui, j’ai rencontré des difficultés dans ma carrière en étant une femme. Sans doute du fait de la complexité de l’articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle et de la difficulté à gérer le temps de façon optimale.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Les évolutions récentes sont concrètes et majeures. D’abord d’un point de vue législatif et réglementaire. Mais aussi et surtout d’un point de vue des comportements : les entreprises intègrent l’égalité femmes-hommes dans leurs valeurs et leurs travaux, elles développent des programmes de formation pour lutter contre les biais sexistes, elles sont attentives aux motivations de leurs collaboratrices et elles orientent les talents féminins dans des programmes leur permettant d’évoluer.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

Croyez en vous, en vos talents. Soyez convaincues qu’être une femme n’est pas un handicap, mais un atout. N’attendez pas forcément que l’on vous donne une place : sachez prendre des initiatives. Entourez-vous : ensemble, on est plus forte !

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Après une trentaine d’années de carrière professionnelle en qualité de cadre au sein de différents univers : politique, développement économique, santé, services, j’ai souhaité racheter une entreprise industrielle, dotée d’une histoire et de savoir-faire et fabriquant en France des produits sous sa marque.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

De contribuer à promouvoir et à valoriser des savoir-faire, de redonner ses lettres de noblesse à une marque « qui a une histoire et de « réveiller une belle endormie ». J’aime également apporter des solutions adaptées et durables à nos clients au-delà de la délivrance d’un produit.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

Je n’évolue dans l’Industrie que depuis 2015, date du rachat de ma première entreprise. Je peux seulement témoigner qu’en tant que Dirigeante propriétaire de mon entreprise, j’observe souvent de la surprise chez mes interlocuteurs quant au fait qu’une femme puisse reprendre une entreprise dans ce secteur et la diriger sans l’aide de son conjoint !

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Je trouve que les choses évoluent lentement, en particulier au niveau des mentalités. Les clichés ont la vie dure ! 

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

Les femmes elles-mêmes sont une partie de la réponse : elles doivent davantage oser entreprendre, faire fi du regard des autres et de la culpabilité de mère et d’épouse. Il n’est pas indispensable de détenir des compétences techniques pour diriger une entreprise industrielle. Tout est question de compréhension, de détermination, d’implication et de passion.

Manuela Mazzucca

Responsable Usine chez Schneider Electric

Nathalie de Courcy

Directrice des Affaires Gouvernementales de COSMED

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Après des études d’ingénieur, j’ai démarré ma carrière dans le monde automobile comme responsable de production d’environ 300 personnes, j’ai ensuite eu l’opportunité de travailler chez Général Electric dans les domaines de la turbine à gaz et moteurs électriques où j’ai tenu les postes de lean leader ; black belt ; responsable projet et directrice technique ; aujourd’hui j’ai 20 années d’expérience dans le domaine de l’industrie et j’en suis fière.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

Ce que j’apprécie, c’est la possibilité de prendre des décisions pour mon usine, de gérer des personnes et les développer, de mener des projets différents avec mes équipes concernant la productivité, l’environnement, la mise en place de nouveaux outils digitaux, l’organisation, etc.

Mon usine, de par son produit atypique, est en relation directe avec les clients ce qui permet de connaître leurs exigences et de leur donner confiance.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

Oui j’ai été confrontée à des difficultés, j’ai surtout eu des critiques ou remarques sur mes compétences et sur mes capacités à diriger des hommes ; tout au moins au début de mes prises de poste, mais après, de par mon travail et les résultats obtenus, généralement les personnes ont changé d’avis. J’ai dû faire face à du harcèlement moral par mon supérieur dans une de mes expériences et cela n’a pas été facile à gérer ; nous ne sommes pas formées pour « combattre » ceci. J’ai été soutenue par mon entourage, mon mari, sur les décisions que j’ai prises par la suite ; notamment de changer de société, même s’ils me proposaient un autre poste, et de ville.

De plus, j’ai choisi un poste que j’avais déjà fait et ne nécessitait pas de management hiérarchique ce qui m’a aidé à me reconstruire.

La pratique du sport à haut niveau dans le passé m’a été utile pour surmonter cette épreuve car j’ai tout de suite réagi pour ne pas rester dans une situation d’échec.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Oui, aujourd’hui on donne une place plus importante aux femmes et il est possible de faire carrière dans l’industrie.

Après attention aux quotas, que l’on ne mette pas les femmes à certains postes que parce qu’elles sont des femmes mais parce qu’elles ont les compétences, les capacités, et le leadership requis… Et c’est le risque qu’il y a aujourd’hui avec les entreprises qui prônent les embauches sur les femmes.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

Mon conseil aux futures femmes de l’industrie est que c’est un environnement très riche qui nous permet de toucher / aborder beaucoup de sujets (santé, environnement, nouvelles technologies, etc.), de pouvoir les faire appliquer physiquement, de voir les résultats et les améliorations directement. Dans l’industrie, on ne s’ennuie jamais ; il faut toujours aller de l’avant et c’est qui me plait dans cet environnement.

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Après des classes préparatoires à Paris, j’ai poursuivi des études d’ingénieure chimiste à CPE Lyon puis à l’Université de Stuttgart. J’ai ensuite effectué un DEA puis une thèse de doctorat en chimie organique à l’Ecole Chimie ParisTech en collaboration avec Solvay (ex Rhodia Recherches).

J’ai commencé ma carrière en 2004 dans le domaine de la Chimie puis je me suis réorientée vers le secteur de la Santé en rejoignant B.Braun Médical, en 2007, comme responsable scientifique sur des gammes d’anesthésie-réanimation. J’ai ensuite exercé des responsabilités marketing, en neurochirurgie notamment, puis des responsabilités commerciales en oncologie et en cardiologie.

Désireuse d’orienter ma carrière vers les affaires gouvernementales, j’ai quitté B.Braun Médical en 2016 pour mieux connaître la sphère publique et les processus de décision publique. J’ai alors travaillé à la Région Île-de-France comme chargée de mission pour les commissions santé, finances et administration générale puis à l’Assemblée nationale comme attachée parlementaire.

Grâce à ce double parcours, j’ai accédé en 2018 au poste de responsable des affaires gouvernementales chez Janssen où je me suis investie notamment sur le sujet de l’égalité professionnelle ; ce qui m’a conduit à fonder ACCENT ÉGAL, fin 2021, pour accompagner les entreprises vers l’égalité entre les femmes et les hommes.

Enfin, le 4 septembre dernier, j’ai rejoint COSMED, 1er réseau des PME de la filière cosmétique, en tant que directrice des affaires gouvernementales à l’appui des missions du Président.

Par ailleurs, je suis engagée dans la vie associative, comme administratrice de Femmes ingénieures et d’Egalité Ensemble et comme membre du comité d’orientation du Laboratoire de l’Egalité mais aussi dans la vie politique, depuis de nombreuses années ; je suis aujourd’hui députée suppléante de Boulogne-Billancourt.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

Pouvoir apporter aux pouvoirs publics des éclairages utiles à la décision sur la base d’une recherche partagée de l’intérêt général.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

C’est en regardant en arrière que j’ai pris pleine conscience des remarques ou sous-entendus sexistes, des discriminations que j’avais eu à supporter dans ma vie professionnelle et surtout des malaises ressentis que j’avais trop souvent intégrés dans la case « aléas de la condition féminine »…

Aujourd’hui, je ne laisse plus rien passer !

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

L’instauration des quotas a évidemment fait progresser la place des femmes dans les lieux de pouvoir économique, même si on n’a pas encore atteint l’égalité.

Je crois qu’on a aussi évolué dans notre manière d’appréhender la compétence des femmes qui, auparavant, était systématiquement jugée à l’aune des manières d’être des hommes.

Simone Veil disait : « Ma revendication en tant que femme, c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin ».

Au début de ma carrière, j’ai vu beaucoup de femmes adopter des codes dits masculins pour accéder au poste qu’elle briguait. Je crois qu’aujourd’hui, on réinvente les codes car on se rend compte qu’il n’y a pas une seule façon d’exercer le pouvoir.

Les femmes comme les hommes peuvent exercer le pouvoir en étant plutôt dans la prudence ou plutôt dans la prise de risque, plutôt dans la douceur ou plutôt dans la force… L’exercice du pouvoir n’a pas de genre, le talent n’a pas de genre.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

N’attendez pas qu’on vous donne votre place, prenez votre place, osez !

N’attendez pas de vous sentir prêtes à 100% pour candidater car les hommes, eux, n’attendent pas.

Misez sur la sororité qui nous fera toutes avancer !

Sophie Bénard

Operating Partner chez ISALT et mentor de start-up industrielles

Anne Duboscq

Directrice des Affaires Publiques

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Ingénieure de formation, originaire de Seine-Maritime, j'ai toujours eu un vif intérêt pour l'industrie, qui crée une valeur ajoutée tangible dans nos territoires, en s'appuyant souvent sur un maillage de compétences complémentaires.

J'ai d'abord été consultante auprès d'industriels, spécialisée sur les projets de compétitivité au sein du cabinet AVENCORE, puis j'ai rejoint Innovafeed, scale-up du NEXT40 développant des ingrédients durables à partir d'insectes, où j'ai eu deux rôles, d'abord directrice de la performance industrielle, puis directrice du premier projet de site de production à l'international, aux Etats-Unis. Aujourd'hui, j'explore de nouvelles manières de soutenir l'écosystème industriel et tech, notamment via mon engagement au sein d'ISALT, investisseur de long terme engagé dans les transitions, et promoteur de convictions fortes sur le rôle de l'industrie dans le tissu économique français.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

Au sein d'ISALT, j'ai l'opportunité de rencontrer et d'accompagner des entrepreneurs et porteurs de projets industriels sur leur chemin de création de valeur en France. 

La complexité et diversité des enjeux liés au développement de projets industriels est passionnante.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

La plus grande difficulté était plutôt préalable à mon arrivée dans le secteur de l'industrie, dans l'orientation professionnelle. En classes préparatoires, à la fin des années 2000, la misogynie était malheureusement encore de mise et il était difficile d'identifier des "role-models" féminins.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Je constate des évolutions sociétales fortes, portées par les femmes et les hommes, qui repensent leur rapport au travail et leurs priorités. Il est intéressant de voir que cela crée peut-être de nouveaux espaces de liberté, permettant aux femmes de s'engager plus fortement dans leurs carrières en souffrant moins des préjugés, et aux hommes d'oser avoir d'autres aspirations que purement professionnelles.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

J'en citerais 2. Aux femmes de l'industrie, je conseillerais d'oser s'engager pour la mixité professionnelle à votre niveau. Vous êtes déjà un role-model potentiel pour de petites filles qui imaginent leur futur. Aux futures femmes de l'industrie, je vous invite à nous rejoindre et vous embarquer dans des carrières industrielles : l'industrie offre des perspectives d'emplois divers, porteurs de sens, bien loin des images de Zola qu'on peut avoir en tête. 

Racontez-nous votre parcours en quelques mots 

Diplômée en géopolitique et en affaires publiques, j’ai commencé ma carrière dans le secteur public, au ministère des armées puis à la Représentation de la France auprès des Nations Unies à New York. Une fois passée dans le privé, j’ai eu la chance de travailler plus de dix ans dans le conseil, où j’accompagnais tout type d’organisations dans leurs stratégies d’affaires publiques. J’ai croisé la route de nombreuses entreprises industrielles dans des secteurs comme l’agroalimentaire, la chimie, la pharma ou les nouvelles technologies. Depuis 3 ans, je dirige les affaires publiques d’OVHcloud, entreprise leader européen du cloud qui possède notamment près de 40 datacenters et 2 usines dans le monde.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

L’objectif premier de ma mission, à savoir faire le lien entre mon entreprise et le monde institutionnel, en cherchant à concilier intérêts privés et publics. 

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ? 

Pas de grande difficulté, mais le constat que le dialogue entre industriels et/ou entre industriels et institutionnels se fait, souvent encore, plus facilement et rapidement entre « hommes » ; il faut donc ne pas être timide, mettre le pied dans la porte et oser s’insérer dans les échanges.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ? 

En 15 ans, la situation a évolué positivement, même si sur la première partie de ma carrière, j’ai été préservée et peu confrontée aux inégalités dans le milieu dans lequel j’évoluais. J’observe depuis une vraie prise de conscience, des initiatives comme Femmes@Numériques ou Sista qui font bouger les choses et sensibilisent l’écosystème. La nouvelle génération semble par ailleurs beaucoup plus au fait de ces enjeux et vouloir agir pour mettre effectivement fin aux inégalités.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

Oser et ne pas se dévaloriser, elles ont autant leur place ici que les hommes de l’industrie !

Clémence Fischer

Managing Director e-mobility chez ENGIE

Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

Je suis ingénieure de formation, avec une spécialisation en environnement. Mon ambition est de construire un avenir durable, un engagement pris pendant mes études et qui est le fil conducteur de ma carrière. J’ai eu la chance d’être sensibilisée au changement climatique et la réduction les émissions de gaz à effet de serre dès mon premier poste au moment de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, et de travailler pendant 12 ans dans les énergies renouvelables chez AREVA quand le marché était naissant. J’ai également fait un passage dans l’environnement startups, dans un accélérateur appelé NUMA où j’étais en charge des équipes délivrant les programmes d’innovation ouverte rassemblant acteurs publics, startups et grands groupes dans l’objectif d’améliorer les services en ville autour de la mobilité, la gestion de l’énergie, l’eau ou les déchets. En 2020, j’ai rejoint le groupe ENGIE pour contribuer à la décarbonation des entreprises industrielles, puis du secteur des transports à travers le déploiement des bornes de recharges pour véhicules électriques en Europe.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre poste ?

J’apprécie l’impact et l’aspect très concret des sujets de transition énergétique que nous traitons chez ENGIE, comme en ce moment dans mon rôle sur la mobilité électrique. J’apprécie également leur grande variété, le tout dans un marché en plein essor et en constante évolution. L’énergie contagieuse qui se dégage de nos équipes, partenaires et clients est un vrai moteur au quotidien.

Avez-vous été confrontée à des difficultés durant votre carrière dans le secteur de l’industrie en raison de votre sexe ?

Oui, bien que sur un temps court à l’échelle de ma carrière, j’ai été confrontée une fois à un management se disant « étonné » que les femmes puissent travailler tout en ayant une vie de famille, et dans les faits tentant de réduire les responsabilités des membres féminins d’un comité de direction. J’en ai profité pour construire ma famille justement, puis pour changer d’environnement de travail, qui est à mes yeux un critère aussi important que le poste ou ses enjeux.

Avez-vous constaté de grandes évolutions en matière d’égalité depuis le début de votre carrière professionnelle ?

L’évolution est très nette en termes de prise de conscience et de sensibilisation en matière d’égalité dans les grandes entreprises, avec des objectifs quantifiés parfois portés au plus haut niveau. Malgré cela, ils restent difficiles à atteindre du fait du vivier minoritaire de jeunes femmes dans les STEM (Science, Tech, Engineering, Mathématiques) ou de la persistance des biais inconscients par exemple. L’accompagnement des hommes et des femmes en continu est donc essentiel pour accélérer le rythme de progression vers l’égalité, par la formation, la communication, le recrutement, le mentoring, etc.

Votre conseil aux femmes de l’industrie ? Ou futures femmes de l’industrie ?

L’industrie a terriblement besoin de femmes dans de nombreux domaines, comme celui de la transition énergétique, et les opportunités sont de plus en plus nombreuses. Donc lancez-vous, et surtout osez ! Et entourez-vous d’un ou plusieurs mentors au fil de votre carrière.

Mis à jour le 21/12/2023

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